mercredi 26 juin 2019

L'Herbier ou l'outil indispensable

Il y avait une partie spécifique de mes cours en herboristerie que j'avais quelque peu laissé en suspens pour cause de manque de temps et de mauvaise météo. Pour notre note finale, je dois constituer un herbier de 60 plantes (40 + 20 sur un thème spécifique). Au début, j'avais bien du mal à voir ce que cet herbier allait m'apporter en dehors de bosser l'identification botanique. En réalité, maintenant que je l'ai bien avancé, je vois à quel point c'est un outil indispensable et complet. En dehors de celui que je constitue pour mes cours, je vais m'en constituer un bien spécifique et personnel afin de m'aider dans ma pratique. Je vais vous présenter ici ce que j'ai appris durant la constitution de cet herbier en tentant de vous montrer ce qu'il peut vous apporter à vous.




Un Pense-pas-bête agréable

L'herbier, c'est un petit livre où vous allez placer une plante coupée que vous aurez préalablement séchée, aplatie, puis encollée ou cousue sur une page, de façon à ce qu'elle soit la plus reconnaissable possible. A côté de la plante, doit figurer son nom (préférez son nom latin au nom commun, pouvant prêter à confusion). Si l'envie vous en dit, la page suivante peut être une prise de note afin de vous permettre d'en mettre un peu plus sur la plante (description précise, vos découvertes la concernant, les usages, les zones de récoltes). Ainsi, lorsque vous la trouverez dans la nature, vous pourrez revenir à votre herbier pour vous rappelez ce qui la concerne. Un peu comme un carnet de bord de l'herboriste.
Il est donc assez utile de récolter plusieurs fois la même plante à des stades différents afin d'avoir bien en tête son évolution. Votre herbier doit vous être agréable, vous donner envie de vous y replonger. Pensez donc à le customiser selon vos goûts et votre usage personnel.

La conception de l'herbier : 

tout un "apprend-tissage"

L'herbier n'est pas forcément à finaliser dès notre retour de ballade. C'est un outils pour faire connaissance avec chaque plante, pour tisser des liens avec elle. Prenez votre temps. Pour nouer de bonnes relations, profondes, avec quelqu'un, on la laisse se dévoiler. Il s'agit du même procédé ici. Il faut d'abord noter ses premières impression lors de la cueillette : comment était le lieu de la rencontre ? (ombre, soleil, versant, altitude), quel sont ses amis ? (quelles plantes étaient aux alentours, quel type de sol), comment était elle vêtue ? (stade de croissance, saison, temps), quel a été notre ressenti sur son apparence ? (odeur, couleur, forme, position). Ensuite, si on a cueillit plusieurs spécimens durant le ramassage, on peut aller un peu plus loin en disséquant l'un d'entre eux afin de décrire plus précisément l'intérieure de la plante (le mieux c'est de le faire sur place car la plante peut s’abîmer en chemin.
Ces deux premières expériences avec la plante permettent déjà un apprentissage, mais surtout donnent des bases pour trouver son nom. Une fois la plante identifiée, donc "déterminée" de manière sûre, il est possible de connaitre son histoire. Pour cela, utilisez internet, les livres de botanique, l'herboristerie, et notez sur un brouillon tout ce qui vous semble important et intéressant, en croisant les sources. Vous pourrez ensuite compléter votre herbier des notes mises au propre.
En troisième étape il y a le séchage et le pressage ! Une étape délicate donc je ne peux que vous conseiller de prendre plusieurs spécimens puis de garder les meilleurs pour votre herbier final. On sèche dans du journal, avec quelque chose de bien lourd par dessus. Il faudra changer régulièrement ce journal (tous les jours au début, puis à espacer selon le degré d'humidité de la plante). Attention à bien la placer dès le départ car sinon le séchage ne donnera rien de bon. Une fois bien sèche, vous pouvez la placer dans l'herbier (plusieurs méthodes sont possible pour maintenir la plante

L'herbier : support d’expériences

Maintenant que l'apprentissage et la découverte sont terminés, on peut passer à la pratique. Ce travail de l'herbier doit vous amener plus tard à utiliser ces plantes. Faites vos expériences avec elles (teintures, baumes, tisanes, décoction, onguents, cataplasmes...), et prenez des notes sur ce que vous remarquez. Une fois que vous aurez fait le tri dans vos résultats, vous pourrez compléter votre herbier par une synthèse de vos expériences, afin de les retrouver facilement en cas de besoin.
Il y tellement de plantes et d'usages, qu'il est facile d'oublier certaines informations, votre herbier est comme une base de données personnelle. Vous pourrez l'utiliser et le compléter au fil de votre cheminement avec les plantes.
Il peut avoir le but que vous souhaitez lui donner. Pour moi, il aura bien évidemment un but ayant trait à la santé, mais il peut être "magique" si vous êtes un peu sorcière, il peut être simplement botanique si vous êtes juste intéressée par la reconnaissance des plantes, il peut être lié à des souvenirs si vous souhaitez compléter votre album photo avec de belles plantes en rapport etc.
C'est votre support ! A vous de voir.

Pourquoi devrait-on tous avoir un herbier?

Il m’apparaît à présent comme une nécessité. A force d'utiliser autre chose que les plantes pour se soigner, nous avons perdu de nombreuses connaissances à leur sujet. Ceci nous déconnecte de plus en plus de la Nature, et de notre nature même. Je veux dire par là qu'on observe de moins en moins ce qu'il y a autour de nous dehors, et proportionnellement, de moins en moins ce qui se passe en nous même. Pour se vider la tête et éviter de penser, on est plus prompt à sortir un smartphone et occuper notre cerveau, qu'à faire un tour dans un parc ou en forêt où on serait obliger d'entendre notre corps qui râle qu'il en peut plus, n'est-ce pas ? Au moins, avec l'herbier, vos balades vous occuperont tout autant le cerveau, mais vous apporteront bien plus qu'une distraction.
Une ballade pour herboriser demande qu'on prenne son temps, qu'on regarde tout ce qui est autour de nous, qu'on respire un grand coup toutes les odeurs, et qu'on soit bien présent, avec un cerveau bien disponible. Si vous pensez avec trop chaud pour vous balader en forêt, vous serez surpris de savoir qu'une fois sous les arbres, vous êtes protégés et au frais, donc bien mieux que dans votre appart ou maison.
Autre point qui peut être une très bonne raison de constituer son herbier : la survie. Alors oui ça fait un peu fin du monde et tout, mais je dois dire que vu l'évolution actuelle, il est clair qu'il va falloir quand même réapprendre les savoirs perdus, les réactualiser avec nos connaissances actuelles, afin d'avoir quelques bases pour se préparer en cas de problème. Notre dépendance aux supermarchés et industriels (nourriture, santé, et énergie), me pose énormément question, surtout quand on sait que notre système ne fonctionne qu'à la croissance, et qu'une croissance infinie n'existe que dans la Nature. Je me dis qu'un herbier peut sembler dérisoire, et pourtant il pourrait nous être d'une très grande aide sur ces trois domaines.

Petite astuce de fin : il existe des applications de reconnaissance de plantes, sur photos, donc pensez à prendre une belle photo avant de cueillir votre plante. Elles ne reconnaissent pas à  100% mai dès le premier résultat, mais ça peut vous aiguiller dans vos recherches ;)





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